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Quand les droits ont tout faux

Au cours des âges, autant les auteurs séculiers que religieux ont admis que la bonté ne recueille pas l'unanimité des voix. Manipulée par le préjudice, l'anarchie ou encore l'ambition, la populace peut être amenée à accomplir tout et n'importe quoi. Sans garde-fous, la foule a le pouvoir d'imposer une « tyrannie de la majorité » sur les hommes bons, car minoritaires.

Le fait de discourir sur les « droits » permit d'assurer la sécurité des faibles et des minorités. Cela devint un moyen de préserver et de proclamer les principes et les vérités hérités du passé. Par exemple, « Adorez l’Éternel avec de saints ornements ! » (1 Ch. 16.29b) impliqua un « droit d'adorer ». « Tu ne déroberas point » (Ex. 20.15) mit à l'honneur un « droit de propriété ».

De telles convictions furent restituées dans deux documents élaborés en 1789 : la Déclaration des droits des États-Unis et la Déclaration Française des droits de l'homme. Les Américains et les Français reconnurent la souveraineté de Dieu dans ces deux projets, mais ces derniers étaient de loin moins disposés à lui montrer de la révérence. Bien qu'ils clamaient écrire « dans la présence et sous les auspices de l'Être Suprême », leur Révolution fut résolument anticléricale.1 Leur discours au sujet de Dieu se révéla être l’hypocrisie pure et simple ; quant à leur discours sur les droits, il se laïcisa au fil du temps. Aujourd'hui, même le plus décadent des hommes attache pourtant une valeur considérable à ces déclarations.

La Bible ne fait pas grand usage de la terminologie relative au droit. L'Ancien Testament mentionne le « droit d'aînesse » et d'aucuns pourra dire que Paul exerça son droit légal en faisant appel à César. Toutefois, les prérogatives étaient toujours la propriété de Dieu, comme l'argile appartient au potier (Rom. 9.21). De plus, Christ lui-même renonça à ses droits pour le salut des perdus, en allant humblement jusqu'à la croix, de sorte qu'au cours de l'histoire, les chrétiens se sont montrés réticents pour ce qui est de clamer haut et fort leurs droits. Les croyants contemporains ont malheureusement négligé de faire preuve de cette prudence.

La prudence est pourtant de mise, aujourd'hui plus que jamais. Le cœur dénué de toute piété, de toute charité et de toute raison, l'homme moderne est enclin à mettre en avant des « droits » que ses ancêtres du dix-huitième siècle auraient trouvé absurdes (par exemple, le « droit » pour les animaux de ne pas être mangés ; le « droit » d'être libre des blessures de l'estime de soi causées par la critique).2 Les éthiciens, qui ne manquent pas de « créativité », ne sont pas sans ignorer que le mot « droit » jouit d'une grande renommée et quel est le pouvoir d'intimidation dont ils disposent en l'utilisant. Cependant, le chrétien avisé (ainsi que le non-croyant avisé) pourra rétorquer : « Où donc réside ce droit sinon dans ton imagination en ébullition? »

Tout discours légitime sur les droits doit rendre des comptes à la parole de Dieu. Même si les chrétiens continuent de défendre la cause d'un fœtus en lui reconnaissant le « droit à la vie » ou le « droit de se réunir » pour une église assiégée d'un autre pays, ces chrétiens ont également le devoir de justifier leurs revendications en les attestant par des racines bibliques. En employant le langage plus direct de la Bible (par exemple, « Tu ne tueras point »), le peuple de Dieu peut éviter de tomber dans le piège spirituel de plus en plus courant qui consiste à exiger des droits personnels. Les chrétiens sont-ils, à l'instar de Paul, préoccupés par la propagation du royaume de Dieu ou n'ont-ils d'autre intérêt que l'accroissement de leurs biens matériels et la protection de leur zone de confort ? C'est une question vitale car en ce qui concerne la deuxième option, ils n'ont aucun droit.

Notes :
1

Voir l’article du Journal Kairos : « Le culte de la déraison ».

2

Voir l’article du Journal Kairos : « Quand on se moque des droits civils ».


Texte biblique de la Nouvelle Edition de Genève Copyright ©1979 Société Biblique de Genève Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés.