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L'avortement et l'ancien monde juif1 (50 av. J.-C. – vers 100 ap. J.-C.)

Imprégnées de l'alliance de Noé et de la loi du Sinaï, les premières communautés juives considéraient l'avortement comme un mal. Le premier texte mettait en garde : « Si quelqu'un verse le sang de l'homme, par l'homme son sang sera versé ; car Dieu a fait l'homme à son image » (Genèse 9.6). Le suivant insistait : « Tu ne tueras point » (Exode 20.13). Et bien que de nos jours, les défenseurs enthousiastes de l'avortement tentent de se baser sur Exode 21.22-25 pour excuser leur crime, les auditeurs de Moïse et les premiers interprètes auraient trouvé leur raisonnement absurde. En fait, l'avortement à la demande était « selon toute vraisemblance totalement hors de question sous la loi Mishnah »2 et encore moins approuvé.

En conséquence, les érudits juifs des temps anciens et classiques étaient catégoriquement opposés à l'avortement. Bien qu'influencé par la philosophie grecque, Philon d'Alexandrie (25 av. J.-C. – 41 ap. J.-C.) a tenu ces propos :

Si un homme en vient à battre une femme enceinte, qu'il la frappe sur le ventre et qu'elle fait une fausse-couche, si le fœtus n'est encore ni formé ni développé, il doit verser une amende pour l'outrage qu'il a causé et pour avoir entravé l'artiste Nature dans son œuvre créatrice, qui est d'amener à la vie la plus belle des créatures vivantes, l'homme. Mais si le fœtus est déjà formé et que tous ses membres ont leurs qualités propres et leur place dans le système, l'homme doit mourir, car ce qui correspond à cette description est un être humain ; il l'a détruit dans le laboratoire de la Nature, qui a jugé que l'heure n'était pas encore venue d'amener cet être à la lumière, de même qu'une statue qui est dans un atelier n'a besoin que d'être transportée à l'extérieur et de ne pas rester entreposée à l'abri des regards (Lois spéciales, 3).3

Les Juifs d'Alexandrie attachaient aussi une grande importance aux Sentences du Pseudo-Phocylide, une série d'injonctions éthiques pour la vie quotidienne écrite entre 50 av. J.-C. et 50 ap. J.-C.:

Une femme ne doit pas détruire le bébé en gestation dans son ventre, ni le jeter en pâture aux chiens et aux vautours après sa naissance.4

De même, les apocalyptiques Oracles sibyllins (premier siècle ap. J.-C.) ont inclus, parmi ceux qui devaient subir la colère de Dieu (avec les sorciers, les adultères et les voleurs) les femmes correspondant à cette description :

Ayant un enfant dans l'utérus, elles se font avorter ; et leur rejeton est expulsé illicitement.5

Les Juifs palestiniens avaient des guides encore plus stricts. Dans son apologie du judaïsme, Contra Apionem, l'historien Flavius Josèphe (vers 37 – vers 100 ap. J.-C.) a dit :

La loi ordonne que tous les bébés soient amenés à terme et interdit aux femmes de provoquer un avortement ou de supprimer leur fœtus ; une femme qui a commis cet acte est considérée comme une infanticide, parce qu'elle a détruit une âme et diminué la race humaine (Apion 2.202).6

Dans ce contexte culturel, on comprend aisément pourquoi le Nouveau Testament n'a jamais mentionné l'avortement ; pour les disciples de Jésus, il s'agissait indubitablement d'un péché.

Notes :
1

Les citations suivantes sont extraites de Michael J. Gorman, Abortion & the Early Church: Christian, Jewish, and Pagan Attitudes in the Greco-Roman World (Downers Grove, IL: InterVarsity Press, 1982).

2

David Feldman, Birth Control in Jewish Law (Northvale, NJ: Jason Aronson Inc., 1998), p. 284.

3

Gorman, p. 36.

4

Ibid., p. 37.

5

Ibid.

6

Ibid., p. 43.


Texte biblique de la Nouvelle Edition de Genève Copyright ©1979 Société Biblique de Genève Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés.