Le Fondement de la Moralité Nationale – John Adams (1735 – 1826)

John Adams – deuxième Président des Etats-Unis et héros de la guerre révolutionnaire – épousa Abigail Smith en 1764. Leur mariage fut remarquable, non seulement en raison de la constance de leur attachement, mais aussi à cause de leurs enfants, dont l’un, John Quincy Adams, deviendrait également Président. Le couple considérait l’éducation spirituelle et morale de ses enfants comme un devoir et un privilège élevés, en fait « un sacrement ». Souvent séparé d’Abigail par ses obligations gouvernementales (il était émissaire à la fois pour la France et l’Angleterre), John était profondément conscient du rôle vital de la mère dans l’éducation des enfants. Dans ce passage, il rend hommage à Abigail et aux autres mères pour leur « service national » au foyer.

Il faut poser les fondements de la moralité nationale au sein de la famille. Les écoles, les académies, les universités ne servent à rien si les enfants, dans leurs premières années, ont été marqués par le relâchement et des habitudes licencieuses. Les mères sont les premiers et plus importants instructeurs des enfants. Les parents ne peuvent cacher leurs vices et leur exemple à leurs enfants. Comment les enfants pourraient-ils avoir le juste sens des obligations sacrées de la moralité ou de la religion si, dès leur plus tendre enfance, ils voient leurs mères vivre dans l’infidélité habituelle à leurs pères, et leurs pères vivre constamment dans l’infidélité à leurs mères ? D’ailleurs, la doctrine catholique [universelle] est que le contrat de mariage ne constitue pas seulement un engagement civil et moral, mais un sacrement ; un des vœux et des serments les plus solennels de la piété religieuse. Peuvent-ils croire que la religion, et aussi la moralité, sont autre chose qu’un voile, un manteau, un prétexte hypocrite à des fins stratégiques de décence et de commodité ?¹

Notes :