English
Précédents historiques
> Références bibliques > Précédents historiques > Écrits et citations > Tendances actuelles
> Accueil > Précédents historiques > Vertu > Éthique de travail > Isaac Watts : le travail d'une vie -- [1674 – 1748]
> Catégorie

Isaac Watts : le travail d'une vie (1674 – 1748)

Lorsque la mère d'Isaac Watts trouva l'un des premiers poèmes de son fils et qu'elle lui fit part de ses doutes sur le fait qu'il l'ait écrit lui-même, l'enfant composa sur le champ cet acrostiche à son intention (dont la première lettre de chaque ligne forme verticalement, en anglais, ISAAC WATTS) :

Je suis un vil et misérable tas de poussière,
Et cela depuis ma naissance,
Malgré la grâce que m'accorde chaque jour Jehovah,
Satan, ce monstre infâme, me trompe sans cesse ;
Seigneur, viens donc me tirer de ses griffes.

Lave-moi par ton sang, o Christ,
Et transmets-moi ta grâce divine,
Puis sonde et éprouve chaque recoin de mon cœur
Pour qu'en toutes choses, je puisse
Te servir et chanter tes louanges.1

C'était loin d'être parfait, mais cela laissait présager ses chefs d'œuvres ultérieurs, entre autres les hymnes « Quand je contemple la croix merveilleuse », « Joie pour le monde » et « O Dieu, notre refuge d'âge en âge ».

Certaines vies sont si prolifiques qu'on se demande si deux ou trois personnes n'ont pas collaboré sous le même nom. Tel fut le cas d'Isaac Watts (1674-1748). Non seulement il a composé plus de six cents hymnes dont beaucoup sont toujours chantés chaque dimanche par des chrétiens du monde entier, mais il a écrit un livre de logique qui a été employé pendant de nombreuses années comme manuel à Oxford et à Cambridge.2 Pendant des années, il a été aumônier et tuteur familial à Leicestershire, une expérience dont il s'est abondamment servie dans ses livres, Improvement of the Mind (Stimulation de l'intelligence) et A Discourse on the Education of Children and Youth (Traité sur l'instruction des enfants et des adolescents).3 Après cela, il fut pasteur de la chapelle indépendante sur Mark Lane à Londres. Entre temps, il écrivit des essais appréciés sur divers sujets, allant des fantômes4 à l'astronomie5 et à la poésie d'Horace.6

Ses problèmes de santé mirent un terme à sa carrière de pasteur. « Il eut une constitution délicate et très fragile pendant toute sa vie. »7 Dans son journal, il décrivit ses maladies de diverses manières : « une maladie grave et dangereuse » (1689)8 ; « une jaunisse violente accompagnée de coliques » (1702)9 ; « des maux d'estomac et de fréquentes migraines » (1710).10 Selon les conseils des médecins, il se rendit souvent dans les stations thermales de Bath, de Tunbridge Wells et de Southton.11

En tant que « premier à parvenir à triompher des préjugés qui s'opposaient à introduire des hymnes dans le culte public, »12 Watts fut vivement critiqué par certains de ses collègues dans le ministère, en particulier par Thomas Bradbury. Ce dernier le traita de « profane, vaniteux, impudent et pragmatique ». Il l'accusa d'« estropier, d'embrouiller, de transformer, etc… beaucoup de… cantiques de Sion ». Il continua : « Vos notions de psalmodie… conviennent à quelqu'un qui ne prête aucune attention à l'inspiration… »13 Le « crime » de Watts était de paraphraser les Écritures dans ses hymnes et d'introduire Jésus dans les psaumes messianiques.14 Par contre, dans un magazine wesleyen, un critique déplora que les hymnes de Watts soient aussi adaptables au livre de cantiques unitarien.15 Il concéda que les unitariens devaient les changer afin de les rendre convenables, mais il conclut : « Les hymnes de Charles Wesley sont faits de données trop immuables pour qu'on puisse les adapter au culte socinien. »16

Affaibli par la maladie, assailli par les critiques, Watts poursuivit l'œuvre de sa vie sans faillir. Il raisonna : « Dois-je me plaindre alors que j'embrasse du regard des nations entières et des millions d'humains qui n'ont pas le millième de mes bénédictions ? »17 Lorsque sa fin approcha, il écrivit : « Si Dieu me relevait, je pourrais finir quelques-uns de mes papiers, ou le Seigneur pourrait se servir de moi pour sauver une âme, et cela en vaudrait la peine. »18 Il demanda qu'on grave ces mots sur son sépulcre : « Isaac Watts… après cinquante ans de faibles œuvres pour l'Évangile, interrompues par quatre années d'épuisantes maladies, est enfin entré dans le repos. »19 Pour Watts, vivre revenait à travailler pour l'Évangile. C'était tout simple, et ce devrait l'être pour tous les pasteurs jusqu'à leur dernier souffle.

Notes :
1

E. Paxton Hood, Isaac Watts: His Life and Hymns (1875; réimp, Belfast: Ambassador Publications, 2001), p.7.

2

Ibid., p. 50.

3

Watts ne s'est jamais marié et n'a donc jamais eu d'enfants.

4

Ibid., p. 235.

5

Ibid., p. 274.

6

Ibid., p. 292.

7

Ibid., p. 50.

8

Ibid., p. 342.

9

Ibid., p. 51.

10

Ibid., p. 345.

11

Ibid., p. 342-45.

12

Ibid., p. 100.

13

Ibid., p. 194.

14

Par exemple dans le Psaume messianique 72, dont Watts a tiré l'hymne « Jésus régnera ».

15

The Oxford Dictionary of the Christian Church ajoute une autre préoccupation, puisqu'il y est écrit : « Au cours de ces dernières années, il semble avoir penché vers l'unitarisme. En 1719, il s'est opposé à ce qu'on impose la doctrine de la Trinité aux pasteurs dissidents. Voir The Oxford Dictionary of the Christian Church, 3è éd., s.v. “Isaac Watts.”

16

Culte socinien= culte non-trinitaire, ibid., p. 107.

17

Ibid., p. 52.

18

Ibid., p. 263.

19

Ibid., p. 270.


Texte biblique de la Nouvelle Edition de Genève Copyright ©1979 Société Biblique de Genève Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés.