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Zèle pieux en Australie

Le premier numéro du Fraser Coast Chronicle, paru en Australie, n'était pas particulièrement impressionnant. Il s'agissait d'un tabloïde de quatre pages imprimé dans une cabane en bois de Maryborough. Il ne valait que six pence, mais c'était un début.1 Cette petite tentative, faite en novembre 1860, fut suivie de nombreuses autres, ce qui généra un flot de publications à succès. À la fin du siècle, son éditeur, Charles Buzacott, devint un magnat des journaux. De plus, et ce n'est pas un hasard, c'était un chrétien protestant.

Le point de vue protestant est surprenant. À la mort de la reine Victoria, en 1901, les chambres de commerce australiennes étaient composées presque entièrement d'hommes d'affaires et d'industriels presbytériens, anglicans, méthodistes et baptistes. Les pourcentages allaient bien au-delà de la fraction de la population qui était protestante,2 et évidemment, le mérite en était attribué principalement à leurs pasteurs.3 Dans leurs messages et dans les pages des bulletins de leur église, ces hommes de Dieu enseignaient « l'éthique de travail protestante » : le travail sérieux et acharné et l'épargne.4 Pour eux, « le travail était un appel de Dieu par lequel les individus pouvaient démontrer leur piété en travaillant dur. »5 Voici des exemples puisés dans les diverses dénominations :

1. Les presbytériens : En février 1897, le Presbyterian and Australian Witness décréta que « le succès honorable dans les affaires rend témoignage au caractère. Il signifie qu'un homme appelé à exercer son métier n'a pas été oisif et n'a pas laissé passer négligemment les chances qui s'offraient à lui, et qu'il n'a pas renié ses devoirs. Cela implique qu'il ne s'est pas laissé aller à sa nature charnelle et qu'il n'a pas agi en insensé au détriment de son esprit et de son corps.6

2. Les méthodistes : En janvier 1891, le Queensland Christian Witness and Methodist Leader a enseigné que « travailler, c'est prier… L'Évangile doit une grande partie de sa puissance à la place d'honneur qu'il accorde au travail… »7

3. Les anglicans : Le 26 octobre 1899, le Church Standard proclamait : « Par un labeur toujours patient et persévérant, nous devons cultiver le jardin de l'âme que Dieu nous a demandé à chacun d'entretenir et de garder. Et vous n'êtes pas seul dans votre activité. Vous êtes appelé à travailler en collaboration avec Dieu. » La Chronique de l'Église anglicane de Brisbane a ajouté : « La nourriture même de notre Seigneur, c'était le travail. Le labeur est un incomparable fortifiant. Essayez-le, les enfants ! »8

Le message catholique prédominant était différent. Comme l'archevêque Kelly de Sydney l'a dit dans le Freeman's Journal, le travail était considéré avant tout dans l'optique de la malédiction de la Genèse : « Pour Adam et tous ses enfants, le travail est la loi fondamentale de la vie, parce que tous doivent se dépenser et s'épuiser par des efforts mentaux et physiques pour subsister…. »9 Pour les protestants, le travail productif était un signe de grâce régénératrice ; pour les catholiques, la grâce était du ressort des sacrements et non du milieu professionnel.10 Cela « réprimait l'esprit d'entreprise », prétendait Patrick O'Farrell dans son livre The Irish in Australia (Les Irlandais en Australie). Et comme l'a observé le Catholic Press en février 1899, « au collège technique d'Ultimo, la proportion d'étudiants catholiques est honteusement réduite à dix pour cent ! Nous devons encore apprendre les vertus des efforts personnels et de l'indépendance. »11 À leur crédit, précisons que les catholiques ont identifié le problème et commencé à rectifier le tir.

Parmi les protestants, les histoires d'ascension fulgurante abondent : les frères Buzacott, y compris le susnommé Charles, ont commencé par être apprentis dans une imprimerie, puis ont possédé de célèbres journaux. William a fondé la première église baptiste à Rockhampton.12 John Struth, après avoir été apprenti technicien, est devenu propriétaire d'un gigantesque atelier de construction mécanique à Sydney. Charles Hoskins a été facteur et chercheur d'or infructueux. À la fin de sa vie, son usine produisait les canalisations d'eau en acier de tout Sydney,13 et il a contribué à implanter une Église presbytérienne à Lithgow.14

Malheureusement, l'éthique du travail spirituelle australienne a dégénéré. Elle est devenue une éthique de travail foncièrement laïque, qui a mis l'accent sur « la réussite personnelle des hommes », en oubliant qu'elle était due au fait qu'ils avaient été créés à l'image de Dieu.15 Mais la base de la prospérité a été posée par des hommes qui ont honoré le Seigneur par leur vie. Leur éthique était, de toute évidence, une éthique biblique du travail,16 à laquelle de nombreux catholiques ont adhéré, pour la gloire de Dieu et le plus grand bien de leur culture. L'Australie a commencé par être une prison coloniale britannique en 1788, mais son destin s'est beaucoup amélioré lorsque des « prisonniers de Christ » ont dirigé l'industrie, le commerce et leurs propres Églises.

Notes :
1

“About the Paper,” Fraser Coast Chronicle Website, http://www.frasercoastchronicle.com.au/info/aboutthepaper, (accédé le 3 novembre 2004).

2

Kevin Blackburn, “The Protestant Work Ethic and the Australian Mercantile Elite, 1880-1914,” The Journal of Religious History 21 (juin 1997), p. 193-208.

3

Par exemple, les presbytériens y étaient deux fois plus nombreux que dans la population (13%). Par contre, 23% des gens étaient catholiques (Blackburn, p. 198), mais moins de 10% des richesses l'étaient (Blackburn, p. 195 et 199). C'étaient les méthodistes, les anglicans et les autres dénominations protestantes qui occupaient la plupart des autres positions de prééminence économique (Blackburn, p. 200-202).

4

Ibid., p. 194.

5

Ibid., p. 195.

6

Ibid.

7

Ibid., p. 196.

8

Ibid., p. 197.

9

Ibid., p. 198.

10

Ibid.

11

Ibid., p. 199.

12

Ibid., p. 202-203.

13

Ibid., p. 203.

14

Ibid.

15

Ibid., p. 205-207.

16

Voir l'article du Journal Kairos : « La véritable éthique biblique du travail ».


Texte biblique de la Nouvelle Edition de Genève Copyright ©1979 Société Biblique de Genève Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés.